GAUTIER DEBLONDE
Né à Rouen en 1969.
Vit et travaille entre Londres, Lille et Paris.
Gautier Deblonde est un artiste photographe qui arpente et photographie depuis près de vingt ans les ateliers d’artistes à travers le monde : Nan Goldin, Ron Mueck, Rachel Whiteread, ou encore Ed Ruscha sont autant d’artistes ayant accepté de se prêter au jeu... en leur absence.
C’est au total pas moins de 250 photographies qui, au fil des années, sont venues étoffer la série « Atelier ». Un tel travail d'archivage des coulisses de la création contemporaine mondiale est inédit, ce qui fait de cette série de portraits en creux, un travail unique. Une première partie a été publiée en 2014 aux éditions SteidlDangin.
Dans le prolongement de ce travail photographique, Gautier Deblonde réalise son premier film en collaboration avec Ron Mueck en 2013, puis un second en 2022. Depuis, les artistes Giuseppe Penone, Celia Paul, Callum Innes, Ilse D'Hollander et Michel Nedjar sont passés devant la caméra de Gautier Deblonde.
Catalogue des œuvres de l'artiste ici
« ATELIER » SERIES
Le travail de Gautier Deblonde semble relever d’une démarche à mi-chemin entre reportage, documentaire et création plastique. Peu pertinente apparaît dès lors la notion de hiérarchie entre ces trois genres chez un photographe tant familier du monde de l’information que sensible à celui des arts. A l’intersection des tendances, mais jamais à la dérive, Gautier Deblonde est un photographe qui aime lâcher prise, tout en conservant ancrés en lui discipline et sens du long terme : ainsi de sa série Atelier, maturée pendant près d’une décennie avant de donner lieu à un ouvrage publié par SteidlDangin en 2014.
De quoi s’agit-il ? De lieux. De rencontres. Et, parfois, de l’indicible : une lumière, une marque, une expression, un fragment d’objet ou de matière. Gautier Deblonde s’avoue fasciné par les traces que laisse toute activité humaine. En ressort un réel sens du détail, de ce qu’il fallait remarquer. Comme autant de pas de côté, pour suggérer ce qui peut arriver au sein de l’image ainsi qu’en dehors du cadre. Transparaît sans cesse, des portraits d’Artists publiés par la Tate Gallery en 1999 aux étendues blanches de l’Arctique souvent photographiées, la marque d’une subjectivité discrète et subtile, d’une esthétique de la vérité dénuée de toute froideur. Rejaillit à l’esprit ce « All is true » invoqué par Balzac à propos du réalisme lui aussi tant documentaire que romanesque de son Père Goriot. Mais avec un certain sens du décalage : Gautier Deblonde sait, quand le veut le contexte ou le sujet, se faire moins présent, se retirer, s’effacer.
La distance, voici peut-être la clé de toutes ces images. Car si pour Gautier Deblonde prendre la photographie d’un lieu ou d’un personnage relève avant tout d’une longue imprégnation du sujet et de sa bonne compréhension, c’est une présence comme distendue qui semble dominer chacune de ses séries. Matière à imaginer, à se construire sa propre histoire avec le sujet ? Sans doute. Mais aussi nécessaire respect de ce que croise l’objectif. Alors vient le moment de photographier. Sans impulsivité ni fugacité. Se pose la question du temps : une technique photographique plus lente, un nombre limité de prises de vue font de chacune de ces images un instant réfléchi, suspendu.
Le temps, donc : autre clé du travail de Gautier Deblonde, qui aime s’arrêter, contempler. Continuité dans la frontalité et recours à des pauses longues lui permettent d’instiller au cœur de ses images une véritable suspension du temps, capté autant que célébré. Un temps de contemplation, de réflexion, de repos. Un temps réel, tangible : celui d’un lieu, d’un objet, d’une personne, d’une vie. Il y a dans les photographies de Gautier Deblonde le sentiment d’un continuum furtif, d’une linéarité contemplative. Comme si, de l’atelier saisi en plein travail de Ron Mueck (le temps d’un film commandé en 2013 par la Fondation Cartier pour l’art contemporain, dont l’esprit d’arrêt « à l’œuvre » se retrouve dans son titre : Still Life. Ron Mueck at work) aux rives sans âge de Marie Galante, il ne s’agissait que d’une seule et même déambulation calme et savante de l’imaginaire, comme un long travelling latéral : on pense à la scène de l’embouteillage dans le Week-end de Godard, documentaire lui aussi doué d’une humeur. La démarche de Gautier Deblonde n’est d’ailleurs jamais tout-à-fait éloignée du cinéma : en témoigne sa collaboration avec la réalisatrice Lynne Ramsay sur le long-métrage Morvern Callar, au sujet duquel parût un livre chez ScreenPress en 2002. C’est dans cette logique que l’idée de répétition et de série intéresse Gautier Deblonde. Sans doute parce qu’il y retrouve cette discipline qui lui permet certaines audaces. Mais aussi de prendre un peu de ce temps et cette distance qui font toute la force de l’œuvre qu’il construit avec constance et sagacité.
Nicolas Valains
Image ci-dessus : Atelier Imi Knoebel, Düsseldorf, 2017
LES ARTISTES AU TRAVAIL
Dans le prolongement de son travail photographique des vues d'ateliers d'artistes du monde entier, Gautier Deblonde les a également filmés dans leur processus de création.
Still Life : Ron Mueck at work (extrait)
Un film de Gautier Deblonde
Film HD, 48’03’’, 2013
Ma rencontre avec Ron Mueck, par Gautier Deblonde (Extrait)
« Je rencontre Ron Mueck pour la première fois en 1998. Le monde de l’art contemporain vient de découvrir ce jeune talent.
La Royal Academy de Londres organise l’exposition « Sensation : Young artists from the Saatchi Collection » en 1997. La sculpture Dead Dad, cadavre nu d’un vieil homme - le père de Ron -, d’une taille de cent deux centimètres, est exposée pour la première fois. C’est l’œuvre qui retient toute l’attention des visiteurs et des médias.
Le marchand d’art Anglais, Anthony d’Offay, la référence dans les années 90, lui offre sa galerie. Le succès est au rendez-vous et le nombre important de collectionneurs et de musées qui s’intéressent à ses œuvres le propulse dans la cour des grands. C’est à ce moment que je finis mon premier grand projet photographique, une série de portraits d’artistes appartenant à la scène artistique britannique. La Tate Gallery s’intéresse à mes images et me confirme la publication d’un livre. L’agent de Ron a vent de mon projet et me propose une rencontre avec lui. Cette première rencontre se passe dans un atelier de l’ouest de Londres. [...] »
Lire l'intégralité du texte de Gautier Deblonde ici
SÉRIE « TRUE NORTH »
« C’est grâce à une commande que j’ai effectué mon premier voyage dans le Svalbard, il y a trois ans. Je connaissais à peine son nom et j’aurais certainement eu du mal à placer cet archipel sur la carte, à mi-chemin entre le cap Nord et le pôle Nord.
Il a été découvert en juillet 1596 par l’explorateur hollandais William Barents qui recherchait une route du nord pour la Chine. Il pensait que ces îles appartenaient au Groenland et les baptisa Spitsbergen (les montagnes à la pointe aiguisée). Leur nom est Svalbard (la côte froide) depuis 1920, quand l’endroit est passé sous la souveraineté de la Norvège.
Voyager dans d’autres continents est évidemment dépaysant. Mais se retrouver à Svalbard, c’est changer d’univers. On y perd rapidement toute notion de lieu et de temps. Il fait continuellement jour pendant six mois de l’année et la nuit est totale pendant quatre mois.
La lumière est certainement ce qui fait l’identité de Svalbard. Elle peut briller et éclairer avec une extrême netteté, mais très vite, elle peut devenir diffuse, douce, indécise, sombre. Elle joue avec ces paysages monochromes, et offre une palette de couleurs restreinte, mais si riche.
D’une photographie à l’autre, la lumière change et accentue l’impression que tout est toujours à recommencer. C’est un appel aussi. Je suis retourné à cinq reprises au Svalbard.
J’ai rencontré différentes communautés, comme à Barenstburg, village minier Russe existant depuis 1932, le dernier en Arctique. A son apogée plus de 1500 habitants y vivaient. Depuis, une certaine mélancolie s’est emparée du village, et lors de mon passage, ils n’étaient plus que 600. Cet été, faute de charbon à extraire, le nombre d’habitants était encore divisé par deux. La seule école a été fermée. Barenstburg vit ses derniers jours.
Ny-Alesund fut ma nouvelle destination. Ancien village minier, trente scientifiques en hiver et jusqu’à cent en été y vivent désormais. Ils sont tous là pour calculer, mesurer les changements climatiques et atmosphériques, étudier la faune, la flore et la vie marine. Les résultats ne sont pas toujours bons…
A l’image de Barenstburg, Svalbard vit peut être ses derniers jours. Ces terres si dures et si fragiles à la fois, sont victimes du réchauffement climatique : elles changent inexorablement. L’essayiste américaine Gretel Ehrlich les appelle The Vanishing Landscapes, les paysages qui disparaissent. » Gautier Deblonde, 2020
CV
EXPOSITIONS PERSONNELLES / SOLO SHOWS (Sélection)
2022
Inventaire, Galerie Bacqueville, Vlissingen, Netherlands
2018
Atelier, CIAC Bourbourg, France
2014
Atelier, MAD Museum, New York, USA
Atelier, Central Saint Martins, London, United Kingdom
2012
Ateliers d'artistes, Galerie Bacqueville, Lille, France
2008
Svalbard, Institut Français de Varsovie, Warsaw, Poland
2007
Svalbard, Maison de la photographie, Lille, France
2003
Morvern Callar, Chambre Claire, Paris, France
2002
Morvern Callar, Tom Blau Gallery, London, United Kingdom
2001
Bridges, Tom Blau Gallery, London, United Kingdom
Portraits d'artistes, Tate Britain, London, United Kingdom
1999
Portraits d'artistes, Focus Gallery, London, United Kingdom
Portraits d'artistes, A Gallery, London, United Kingdom
EXPOSITIONS COLLECTIVES / GROUP SHOWS
2020
Le Rêve d'être artiste, Palais des Beaux-arts de Lille, France
2019
Unseen Amsterdam, Amsterdam, Netherlands
Photo London, London, United Kingdom
2018
Enchanté, LAAC, Dunkerque, France
2017
Atelier, Galerie Bacqueville, Lille, France
Callum Innes Exposed, De Pont Museum, Tilburg, Netherlands
2016
Dans l'atelier. L’artiste photographié, d’Ingres à Jeff Koons, Petit Palais, Paris, France
Art Paris, Stand Galerie Bacqueville, Paris, France
2015
Art Paris, Stand Galerie Bacqueville, Paris, France
2014
Art Paris, Stand Galerie Bacqueville, Paris, France
Paris Photo, Paris, France
L’Œuvre photographiée : les ateliers d'artistes, Cours Mirabeau, Aix-en-Provence (F)
2013
Still Life : Ron Mueck at Work, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, France
Brussels Art Fair, Stand Galerie Bacqueville, Brussels, Belgium
Lille Art Fair, Stand Galerie Bacqueville, Lille, France
2012
Lille Art Fair, Stand Galerie Bacqueville, Lille, France
2011
Lille Art Fair, Stand Galerie Bacqueville, Lille, France
Artists' Studios, Maison de l’architecture, Lille, France
2010
Brussels Art Fair, Stand Galerie Bacqueville, Brussels, Belgium
Artists' Studios, Compton Verney, Warwickshire, United Kingdom
2009
Paris Photo, Paris, France
True North, Galerie du jour, Paris, France
2008
The Art Of Climate Change, Tokyo, Japan
2007
Festival international de la photographie, Arles, France
The Art Of Climate Change, Barcelona, Spain
The Art Of Climate Change, Hamburg, Germany
2006
The Art Of Climate Change, Natural History Museum, London, United Kingdom
2001
Portraits of Artists, National Portrait Gallery, London, United Kingdom
1999
Portraits of Artists, National Portrait Gallery, London, United Kingdom
FILMS - ÉCRITS, RÉALISÉS, CO-PRODUITS / FILMS - WRITTEN PRODUCED AND DIRECTED
2021
Michel Nedjar, FNAGP
2020
Ron Mueck, FNAGP
Giuseppe Penone, FNAGP
Briding Home, Art Night
2019
Ilse D’Hollander, Victoria Miro Gallery
2018
Callum Innes Exposed, Musée De Pont, Tilburg
2014
Gugging, La Maison des artistes
2013
Still Life : Ron Mueck at Work, Fondation Cartier pour l’art contemporain
FILMS - COLLABORATIONS
2003
Yes, Sally Porter
2001
Morven Callar, Lynne Ramsay
Shooters, Dan Reid
2000
Bridge, Lucy Blakstad
1999
Urban Turban, Bruce McLean
COLLECTIONS & COMMANDES / COLLECTIONS & ORDERS
Musée du quai Branly, Paris, France
Carmody Groarke, London, United Kingdom
Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, France
De Pont Museum, Tilburg, Netherlands
Fruitmarket Gallery, Edinburgh, United Kingdom
Hayward Gallery, London, United Kingdom
London Symphony Orchestra, London, United Kingdom
Victoria Miro Gallery, London, United Kingdom
National Gallery London, London, United Kingdom
Tate Modern, London, United Kingdom
Royal Opera House, London, United Kingdom
Victoria & Albert Museum, London, United Kingdom
Gagosian Gallery
Guggenheim
--
Channel 4 / Connaissance des arts / Figaro Japon / Financial Time / Granta / Le Monde / Le Monde Magazine / Liberation / Les Echos / Magazine Littéraire / Marie Claire / Mare /Modern Painters / Newsweek / Stern / Telerama / The Guardian / The Independent / The Observer / The Sunday Times / The Telegraph Magazine / Vega Sicilia / Wallpaper
PRIX ET BOURSES / AWARDS
2019
Aide à la production, FNAGP
2013
Finaliste du Leica European Publishers Award for Photography
2008
Finaliste du Leica European Publishers Award for Photography
2001
Lauréat du World Press, Art Category
2000
Finaliste du Photographer of the Year - Merit SPD (Society of Publication Designer)
1995
Lauréat du Ilford Award
LIVRES / BOOKS
2015
Atelier - Édition limitée du livre présenté sous coffret, éd. Louis Vuitton
Atelier, éd. SteildDangin
2003
Morvern Callar, éd. Screenpress Publishing
2001
Boy by Ron Mueck, éd. Anthony d’Offay Gallery
1999
Artists, éd. Tate
1998
1000 Names, éd. Lisson Gallery
LIVRES D’ARTISTES / ARTIST'S BOOKS
2019
Milton Avery, éd. Victoria Miro Gallery
2014
Jean Prouvé, Le Sens de la lumière, AMC
2012
Anna Barriball, éd. MK Gallery
Fashion and Art Collusion, éd. Victoria and Albert Museum
Anthony Caro, éd. Chatsworth
2011
Karla Black, éd. Fruitmarket Gallery
2010
7 July 2005, éd. DCMS
2008
Ron Mueck, éd. Foil Gallery
2007
Antony Gormley, Blind Light, éd. Hayward Gallery
2006
Ron Mueck, éd. Fondation Cartier
2005
Rachel Whiteread, Transient Spaces, éd. Guggenheim New York
2002
Rachel Whiteread, éd. Anthony d’Offay Gallery
2000
Lucy Blakstad, Bridge, BBC